dimanche 14 février 2016

Des semaines de dix jours? Des journées de 28 heures? Pourquoi pas?

Pourquoi les semaines ont-elles sept jours? Par tradition? Sûrement! Par tradition religieuse? Tout autant. On sait moins, cependant, que les Hébreux ont pris cette idée de la semaine des Chaldéens, lors de leurs contacts avec la Mésopotamie toute proche — c'est l'Irak d'aujourd'hui. Les Chaldéens considéraient que les multiples de sept étaient des nombres néfastes, et ne travaillaient donc pas les 7e, 14e, 21e et 28e jours du mois. Du mois lunaire, évidemment (qui dure environ 29 jours et demi, rappelons-le). D'où les semaines et le repos du sabbat, puis dominical.

Mais doit-on garder une tradition uniquement parce qu'elle est ancienne? Si c'était le cas, on aurait encore des esclaves, n'est-ce pas? Alors, pourquoi ne pas reconsidérer la semaine?

Il y a quelques années, j'avais pensé à une semaine* de dix jours. Sept jours de travail, trois jours de congé. Au lieu de travailler 71% des jours, on travaillerait 70% des jours. Le seul inconvénient: attendre la fin de semaine pendant sept longs jours. L'avantage? En plus des plus longues fins de semaine? On pourrait faire alterner trois groupes, de manière à ce que personne ne soit obligé de travailler alors que tout le monde fête ou se repose. Plus besoin de manquer le travail pour aller à l'hôpital ou chez le dentiste. Plus de pistes de ski pleines durant les deux seuls jours où l'on peut y aller. Un meilleur usage des routes, des équipements de transports, de loisir, de soins et ainsi de suite. Et avec trois groupes, on aurait deux semaines de sept jours et une de six jours, de manière à travailler vingt jours sur trente.

Bien entendu, cela aurait comme prix la perte d'un cycle social commun, mais un cycle qui est, ne nous le cachons pas, de moins en moins respecté. Parce que, si on aime bien avoir nos fins de semaine, on s'attend à ce que tout soit quand même ouvert quand on peut finalement en profiter.

Pourquoi dix jours, et non pas neuf ou douze? Je ne sais pas trop. Peut-être par nostalgie avec le calendrier républicain (qui, lui, retirait des jours de congés, avec seulement 35 ou 36 décadis par années, au lieu de 52 ou 53 dimanches). De toute manière, une semaine de douze jours serait bien trop longue; il faudrait au moins un jour de repos en plus d'une fin de semaine, et non pas huit jours de travail suivis de quatre jours de congé.

Et le jour, lui?

Si j'ai pensé à écrire cet article, c'est que je suis récemment tombé sur des sites web qui font la promotion de la journée de 28 heures. On aurait pu croire qu'au contraire de la semaine ou du mois actuel, des périodes de temps comme le jour ou l'année sont incontournables, que ce sont des données naturelles avec lesquelles on doit vivre, veux, veux pas. Eh bien non! Certains ont donc essayé de vivre selon un cycle non naturel de 28 heures, répartissant 40 heures de travail sur quatre jours suivis d'une fin de semaine de 56 heures, pour un total, bien entendu, de 168 heures, comme la semaine actuelle.

Le secret est de commencer sa dernière journée de travail après le coucher du soleil, de manière à sortir du travail avec le lever du soleil, et ensuite de profiter du soleil à plein durant ses deux jours de congé. Plus question de se lever à midi le samedi matin. Comment obtenir ce résultat? En se levant vers 8 h le lundi (que les défenseurs de la journée de 28 heures préfèrent appeler mardi — après tout, on a un jour à retirer et qui aime les lundis?), vers midi le mardi, vers 16 h le mercredi et vers 20 h le jeudi. Ce jour, on travaille, disons, de 21 h 30 à 7 h 30, journée de travail suivie d'une soirée censée se terminer vers 15 h; mais comme c'est la fin de semaine, on peut se coucher plus tard! Quoi qu'il en soit, si on continuait le cycle, on se lèverait le samedi vers minuit et le dimanche, vers 4 h.




Quels seraient les avantages? Moins de navettage maison-travail; moins de corvées quotidiennes; la fin de la monotonie des journées; une plus longue fin de semaine.

Évidemment, je peux aussi voir des inconvénients: on devra se déplacer et travailler en pleine nuit, ce qui n'est pas toujours pratique; et une partie importante de la fin de semaine se passera la nuit, mais dès le lever, et non pas après la journée, comme maintenant. Il y a aussi le fait que, même quand on force les êtres humains à vivre d'une telle manière, totalement déphasée, les différents cycles corporels continuent à suivre un rythme d'à peu près 24 h. Il est vrai que c'est légèrement plus que 24 h, mais ça ne dépasse pas 25 h, sans parler de 28 heures.

On pourrait même penser concilier les deux idées proposées dans ce billet! Pourquoi garder la semaine? Pourquoi ne pas avoir huit journées de 27 heures sur neuf jours? Ou neuf journée de 26 h 40 sur dix jours? Quelle serait la combinaison gagnante? Voulez-vous une société qui fonctionnerait sans pause?

* Point linguistique: il faudrait bien entendu cesser de parler de semaine, mot qui veut dire, étymologiquement, septième...

Cette fois-ci, j'ai volé les images. Voici mes sources: celle de la première; celle de la seconde.

Sauf ces images, ce billet est publié sous la licence CC BY-SA-NC 2.5

Une autre tentative de la journée de 28 heures.



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