vendredi 2 septembre 2016

Suite aux réflexions à M. Bock-Côté

Dans mon billet d'avant-hier, j'ai oublié deux choses — ce sont des billets de blogue, après tout, pas des livres rédigés, relus et édités.

9. La constitution de l'Union européenne
M. Bock-Côté affirme que la constitution de l'Union européenne est la première à ne faire aucune mention du peuple qu'elle gouverne et de son histoire, qu'elle est la première à avoir pour ambition d'être universelle. C'est faux.

Si l'on excepte les multiples constitutions de la France révolutionnaire, que leurs auteurs voulaient tellement universelles qu'ils ont tenté de conquérir l'Europe entière pour l'y imposer, j'aimerais bien qu'on me dise où la constitution des États-Unis s'inscrit dans un projet national particulier. On n'y parle que de droits donnés par le Créateur à tous les hommes, de liberté et des moyens de garantir cette liberté. À part la section sur l'institution particulière qu'était l'esclavage, répandu uniquement dans certains des États fondateurs, donc source d'un déséquilibre politique, rien de tout cela n'est vraiment américain. D'ailleurs, ce projet a inspiré nombre d'autres constitutions un peu partout au monde.

10. Les racines chrétiennes de l'Europe
Comme bien des penseurs de droite, M. Bock-Côté s'insurge contre le fait qu'on ait volontairement décidé de passer sous silence, dans la constitution européenne, son origine chrétienne. Je me demande bien pourquoi. Loin de moi l'idée d'affirmer que la civilisation européenne n'a pas de racines chrétiennes, mais cette question est une question d'historiens, de philosophes et de sociologues, pas de politiciens et de juristes. Une maxime juridique affirme que le législateur — et à plus forte raison le constituant — ne parle pas pour ne rien dire. Dans cette optique, poser les racines chrétienne de l'Europe revient à dire que le christianisme doit continuer à éclairer le projet européen, la législation européenne, la vie européenne. Certains pourraient même en arriver à conclure que les interprètes officiels du christianisme, soit les diverses Églises, catholique, orthodoxe et protestantes, devraient par conséquent jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration des politiques européennes et que la Bible devrait inspirer les législateurs de manière prépondérante. Après près de deux siècles à lutter pour séparer l'Église de l'État, ce serait un sérieux recul, non?

5 commentaires:

  1. Cette "Constitution" n'est jamais entrée en vigueur, rejetée entre autres par référendum français. Techniquement, il s'agissait d'un traité international et non d'une Constitution. Elle mentionnait les "peuples". C'est la France, pour préserver la laïcité, qui a refusé la mention de racines chrétiennes. Quant à moi, je veux bien qu'un texte fondateur mentionne les "racines chrétiennes", mais Est-ce que ça va dire que nous, et notamment les politiciens, allons respecter et mettre en pratique le message de Jésus ? (aimer même ses ennemis, non-violence, détachement des biens de ce monde et partage....) J'en doute.

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  2. Moi, ça me rappelle quand des pays se déclarent officiellement musulmans. Ça finit toujours par la charia...

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  3. La différence est que l'islam est une orthopraxie, qui est censée pouvoir régir la plupart des aspects de la vie en société.

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    1. Mais le fait est que le christianisme a développé une orthopraxie, qui donnait par exemple aux rois le droit de tuer et de faire la guerre...

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  4. "Mon Royaume n'est pas de ce monde" "Rendez à César ce qui est à César". Il ne s'agit pas de règles régissant la vie en société mais de "justifications" tirées du fait que l'Evangile ne régit pas ces situations (ex: tolérance de l'esclavage).

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