dimanche 9 décembre 2018

Une économie à la Ponzi?

On mentionnait récemment dans la presse que le gouvernement de la Coalition Avenir Québec - L'équipe François Legault (son nom officiel) envisageait de recourir à des travailleurs étrangers temporaires, une forme moderne d'esclavage. Rappelons que ces personnes sont engagées par des agences représentant des employeurs, qu'elles signent souvent un contrat dans une langue qu'elles ne connaissent pas, qu'elles ne peuvent rester que le temps de ce contrat, qu'elles n'ont droit à aucun recours en cas d'abus, qu'elles ne peuvent pas démissionner (si elles le font, elles doivent retourner dans leur pays d'origine, à leurs frais) et qu'elles doivent évidemment venir sans leur famille. 

Selon moi, une économie qui a besoin de plus de paires de bras que de bouches à nourrir est une économie très mal en point. Or, avec tout le progrès technologique et l'avancement de la productivité depuis déjà un siècle ou deux, on ne devrait pas avoir besoin d'un groupe de personnes, non citoyennes, dénuées des droits élémentaires, dont la seule fonction est de travailler pour maintenir le niveau de vie des vrais citoyens. Comme les esclaves de l'Antiquité, finalement!

En fait, cela me rappelle tout à fait le modèle des arnaques à la Ponzi, aussi dites systèmes pyramidaux, dans lesquels les rendements promis aux premiers inscrits ne peuvent se réaliser que par l'entrée continuelle de nouveaux membres, dont un grand nombre perdront finalement tous leurs investissements.

En fait, quand je considère le besoin que disent les municipalités d'avoir toujours des nouveaux développements pour boucler leur budget, je me fais la même réflexion: s'il faut toujours des nouveaux contribuables pour assurer les services promis aux anciens contribuables, c'est qu'il s'agit, dans le fond, d'un système à la Ponzi. J'imagine que cette situation est aussi due à l'importance des droits de mutation (que tous les nouveaux habitants du nouveau développement doivent payer) et à la capitalisation des frais d'infrastructure du nouveau quartier. Les dépenses ne commenceront à monter pour la municipalité qu'au cours des années suivant l'inauguration du nouveau quartier, et là, il sera trop tard pour changer d'idée... sauf à recommencer encore une fois. Ridicule!

lundi 3 décembre 2018

Une alternative pour l'avenir

L'avenir de l'humanité et la crise écologique me préoccupent depuis bientôt 40 ans. Figurez-vous donc que, dans les années 80, on parlait déjà, dans certains milieux, du réchauffement de la planète. Alors... Pour envisager régler ces problèmes, certains misent sur la baisse de la consommation, les technologies douces et le retour à un mode de vie plus naturel. D'autres misent plutôt sur la technologie.

Selon moi, les deux avenues sont possibles, mais chacune d'entre elles demande des sacrifices important. Tout d'abord, il est tout à fait inconcevable qu'une économie stable utilisant des technologies de bas niveau puisse permettre de faire vivre des milliards de personnes. Et il est difficilement envisageable que nous soyons prêts à accepter les sacrifices qu'un tel mode de vie nécessiterait. Parce que, à terme, ça voudrait dire se passer de toutes les ressources minérales — qui ne sont par définition pas durables: donc plus d'objet en métal, ni en plastique. On revient au bois et aux textiles naturels. Fin des transports rapides,  fin des télécommunications, fin, même, de la médecine avancée. Fin de ces choses ou, à tout le monde, réduction drastique de leur échelle. Plus d'oranges et plus de voyages dans le Sud ou en Europe. Et avec la baisse de la population qu'un tel modèle exige, on aurait un ralentissement important de la recherche scientifique, qui exige tant une base technologique qu'une nombre minimal de chercheurs.

Déjà le sacrifice pour diminuer notre population de 90% est difficilement envisageable et va à l'encontre de tous nos instincts.

C'est pourquoi je pense de plus en plus que la seule voie possible est celle de la technologie. Il faut mettre au point des sources d'énergie efficaces et sans effet sur l'environnement, si possible l'énergie thermonucléaire. En attendant, des réacteurs au thorium (abandonnés dans les années 50, en partie parce qu'ils ne pouvaient pas alimenter l'industrie des armes nucléaires, mais remis à la mode par la Chine, l'Inde, et même une société privée canadienne!) pourraient servir à faire le pont.

Avec de l'énergie à bon marché, on pourrait mettre fin à la combustion des énergies fossiles, on pourrait passer peu à peu à l'agriculture intérieure sur plusieurs étages, ce qui libérerait des surfaces pour la vie sauvage, on pourrait améliorer le recyclage et mettre au point des circuits fermés pour l'eau et les autres ressources, on pourrait même séquestrer le CO₂ et/ou se mettre à la géo-ingénierie pour stabiliser le climat1. Et contrairement à ce que le cinéma nous a montré, une planète hébergeant 10 milliards de personnes ou plus peut donner à chacun un bel espace de vie tout en laissant à la nature la plus grande partie de la surface de notre planète, pour peu qu'on cesse de compter sur la nature pour nous nourrir. (Voir ici.)

Mais il faut s'y mettre.

P.S. Rappelons le sens d'alternative en français: le choix entre deux et seulement deux options.


1
Réchauffement du climat:
Si on ne fait rien: population croissante, même technologie: + 6°
Si on continue comme ça, en maintenant le rythme actuel du développement des énergies renouvelables, d'efficacité énergétique et agricole: + 3,7°
Avec l'Accord de Paris: +3,2°
Pour rester sous le seuil de +2°, il faudrait aspirer de grandes quantités de CO₂ ou bloquer les rayons du soleil bien avant 2050, et seule la géo-ingénierie le permettrait. Comme diffuser quelques millions de tonnes de dioxyde de soufre ou de calcaire dans l'air, ou dissoudre autour d'un milliard de tonnes de minéraux alcalins dans l'océan.
Source: Science & Vie, octobre 2018