dimanche 21 février 2016

Dormir deux heures par jour?

Alors que je cherchais des infos sur la journée de 28 heures, j'ai découvert que certaines personnes s'efforçaient d'intensifier leur vie en diminuant la durée de leur sommeil, parfois jusqu'à deux heures par jour (de 24 heures, s'entend). Très étonnant, ai-je pensé!

La plupart des êtres humains pratiquent soit le sommeil monophasique — soit une seule période de sommeil par jour, le plus souvent pendant la nuit — soit le sommeil biphasique — soit deux périodes de sommeil, soit les deux pendant la nuit, avec une période de veille d'une heure et demie ou de trois heures entre les deux*, soit une courte nuit et une sieste pendant le jour.


Bien que se réveiller en pleine nuit soit considéré de nos jours comme de l'insomnie, cette situation était fréquente avant l'invention de l'éclairage électrique, surtout au cours des longues nuits d'hiver. Il existait même des livres conseillant des activités pendant cette veille nocturne, des prières, par exemple.




Mais le sommeil polyphasique est quelque chose de pas mal plus flyé. Il s'agit de diviser son sommeil en plus petits morceaux, mais dont la durée totale est plus faible. L'idée derrière tout ça, c'est que seul le sommeil paradoxal est essentiel: si on ne rêve pas, on devient fou. Des siestes de 20 minutes sont alors suffisantes.

Il existe quatre grands modes de sommeil polyphasique. Le plus simple consiste à dormir six heures la nuit et à faire une sieste de 20 minutes durant le jour. Vingt minutes passées à rêver, si possible. 

Une autre variante s'appelle le sommeil Everyman — à la portée de tous, semble-t-il. Là, on a une nuit de sommeil de trois heures,  et deux ou trois siestes, pour un total d'une heure, plus ou moins également espacées pendant la période restante. Total: quatre heures.

Le summum est la méthode Überman, celle du surhomme: plus de nuit de sommeil, seulement des siestes. Six siestes de 20 minutes toutes les quatre heures, sans exception. Sautez-en une et vous verrez le monde chanceler. 

Il existe une variante de ce système, appelée Dymaxion, dans laquelle on dort trente minutes toutes les six heures. Un peu moins contraignant socialement.

Selon ce que j'ai pu lire, personne n'a pu tenir ce rythme plus de quelques mois — ce qui est déjà un exploit, on peut penser. Ce n'est pas qu'ils étaient fatigués, mais ils auraient surtout succombé aux pressions sociales. Dormir toutes les quatre heures n'est pas facile, et les activités disponibles la nuit sont plutôt limitées. Il faut de la volonté et de la détermination, et, si l'on exception les praticiens du tour du monde à la voile en solitaire, ce genre de détermination est assez rare. Et même ces derniers ne pratiquent ce mode de sommeil que quelques mois tout au plus.

Alors, voulez-vous augmenter votre période de veille de 40%? Vous avez les outils.


* Rappelons que notre sommeil est habituellement structuré en période de 90 minutes.

Journée internationale de la langue maternelle

C'est aujourd'hui, le 21 février.





Pour d'autres langues, voir ici.

dimanche 14 février 2016

Des semaines de dix jours? Des journées de 28 heures? Pourquoi pas?

Pourquoi les semaines ont-elles sept jours? Par tradition? Sûrement! Par tradition religieuse? Tout autant. On sait moins, cependant, que les Hébreux ont pris cette idée de la semaine des Chaldéens, lors de leurs contacts avec la Mésopotamie toute proche — c'est l'Irak d'aujourd'hui. Les Chaldéens considéraient que les multiples de sept étaient des nombres néfastes, et ne travaillaient donc pas les 7e, 14e, 21e et 28e jours du mois. Du mois lunaire, évidemment (qui dure environ 29 jours et demi, rappelons-le). D'où les semaines et le repos du sabbat, puis dominical.

Mais doit-on garder une tradition uniquement parce qu'elle est ancienne? Si c'était le cas, on aurait encore des esclaves, n'est-ce pas? Alors, pourquoi ne pas reconsidérer la semaine?

Il y a quelques années, j'avais pensé à une semaine* de dix jours. Sept jours de travail, trois jours de congé. Au lieu de travailler 71% des jours, on travaillerait 70% des jours. Le seul inconvénient: attendre la fin de semaine pendant sept longs jours. L'avantage? En plus des plus longues fins de semaine? On pourrait faire alterner trois groupes, de manière à ce que personne ne soit obligé de travailler alors que tout le monde fête ou se repose. Plus besoin de manquer le travail pour aller à l'hôpital ou chez le dentiste. Plus de pistes de ski pleines durant les deux seuls jours où l'on peut y aller. Un meilleur usage des routes, des équipements de transports, de loisir, de soins et ainsi de suite. Et avec trois groupes, on aurait deux semaines de sept jours et une de six jours, de manière à travailler vingt jours sur trente.

Bien entendu, cela aurait comme prix la perte d'un cycle social commun, mais un cycle qui est, ne nous le cachons pas, de moins en moins respecté. Parce que, si on aime bien avoir nos fins de semaine, on s'attend à ce que tout soit quand même ouvert quand on peut finalement en profiter.

Pourquoi dix jours, et non pas neuf ou douze? Je ne sais pas trop. Peut-être par nostalgie avec le calendrier républicain (qui, lui, retirait des jours de congés, avec seulement 35 ou 36 décadis par années, au lieu de 52 ou 53 dimanches). De toute manière, une semaine de douze jours serait bien trop longue; il faudrait au moins un jour de repos en plus d'une fin de semaine, et non pas huit jours de travail suivis de quatre jours de congé.

Et le jour, lui?

Si j'ai pensé à écrire cet article, c'est que je suis récemment tombé sur des sites web qui font la promotion de la journée de 28 heures. On aurait pu croire qu'au contraire de la semaine ou du mois actuel, des périodes de temps comme le jour ou l'année sont incontournables, que ce sont des données naturelles avec lesquelles on doit vivre, veux, veux pas. Eh bien non! Certains ont donc essayé de vivre selon un cycle non naturel de 28 heures, répartissant 40 heures de travail sur quatre jours suivis d'une fin de semaine de 56 heures, pour un total, bien entendu, de 168 heures, comme la semaine actuelle.

Le secret est de commencer sa dernière journée de travail après le coucher du soleil, de manière à sortir du travail avec le lever du soleil, et ensuite de profiter du soleil à plein durant ses deux jours de congé. Plus question de se lever à midi le samedi matin. Comment obtenir ce résultat? En se levant vers 8 h le lundi (que les défenseurs de la journée de 28 heures préfèrent appeler mardi — après tout, on a un jour à retirer et qui aime les lundis?), vers midi le mardi, vers 16 h le mercredi et vers 20 h le jeudi. Ce jour, on travaille, disons, de 21 h 30 à 7 h 30, journée de travail suivie d'une soirée censée se terminer vers 15 h; mais comme c'est la fin de semaine, on peut se coucher plus tard! Quoi qu'il en soit, si on continuait le cycle, on se lèverait le samedi vers minuit et le dimanche, vers 4 h.




Quels seraient les avantages? Moins de navettage maison-travail; moins de corvées quotidiennes; la fin de la monotonie des journées; une plus longue fin de semaine.

Évidemment, je peux aussi voir des inconvénients: on devra se déplacer et travailler en pleine nuit, ce qui n'est pas toujours pratique; et une partie importante de la fin de semaine se passera la nuit, mais dès le lever, et non pas après la journée, comme maintenant. Il y a aussi le fait que, même quand on force les êtres humains à vivre d'une telle manière, totalement déphasée, les différents cycles corporels continuent à suivre un rythme d'à peu près 24 h. Il est vrai que c'est légèrement plus que 24 h, mais ça ne dépasse pas 25 h, sans parler de 28 heures.

On pourrait même penser concilier les deux idées proposées dans ce billet! Pourquoi garder la semaine? Pourquoi ne pas avoir huit journées de 27 heures sur neuf jours? Ou neuf journée de 26 h 40 sur dix jours? Quelle serait la combinaison gagnante? Voulez-vous une société qui fonctionnerait sans pause?

* Point linguistique: il faudrait bien entendu cesser de parler de semaine, mot qui veut dire, étymologiquement, septième...

Cette fois-ci, j'ai volé les images. Voici mes sources: celle de la première; celle de la seconde.

Sauf ces images, ce billet est publié sous la licence CC BY-SA-NC 2.5

Une autre tentative de la journée de 28 heures.



lundi 1 février 2016

Une autre interdiction ridicule pour les piétons

Le coin de rues en question
Depuis plusieurs années, on retrouve un feu de circulation sympathique au coin du chemin de la Côte-des-Neiges et de l'avenue Swail. Un feu de circulation pro-piétons. En effet, on remarquera  à gauche que lorsque la circulation sur le chemin de la Côte-des-Neiges est bloquée par un feu rouge, aucune automobile ne peut entrer dans  l'avenue Swail ou en sortir; par conséquent, il n'est du tout nécessaire d'interdire aux piétons de traverser ladite avenue, et on avait un feu piéton blanc continu. Les piétons avaient toujours le droit de traverser.

Or, je viens tout juste de remarquer que, pour une raison inconnue, ce n'est plus le cas. On a installé, sans doute à grands frais, un feu piétons à décompte numérique qui interdit sans raison aux piétons de traverser quand toutes les automobiles sont immobilisées — remarquons que cette situation est moins dangereuse que lorsque le feu est vert et que des autos peuvent tourner à droite (et parfois illégalement à gauche) dans l'avenue Swail et ainsi couper les piétons qui traversent. 

Le seul cas où un piéton pourrait être en danger dans les feux sont rouges pour les automobiles sur le chemin de la Côte-des-Neiges est quand un des clients du supermarché Métro enfile illégalement l'avenue Swail en roulant quelques mètres à l'envers sur le chemin de la Côte-des-Neiges. Ça arrive tous les jours.

Je suis désolé — voire en colère — par ce manque de respect envers les piétons. Toutes les Chartes du piéton ou les promesses d'encourager le transport actif (bien que la saga du demi-trottoir de l'avenue de Brébeuf montre bien le peu de cas que M. Coderre fait de ces déclarations) ne font pas le poids envers des décisions ridicules qui nuisent aux piétons. De plus, toute interdiction non justifiée rend les autres interdictions moins crédibles.

Le coin de l'avenue Swail rejoint donc deux autres coins du rue des environs, soit les demi-croisement ddu chemin de la Côte-des-Neiges avec la rue de la Peltrie et l'avenue Carlton, un peu plus au nord (en fait, c'est un peu plus à l'ouest, mais, à Montréal, on appelle l'ouest le nord).

Pourquoi ce changement? À quand une réelle considération pour les piétons?

Comme tout le monde l'aura remarqué, l'image appartient à Google.