jeudi 1 décembre 2016

Neuf projets pour un métro montréalais

En juin dernier, le Huffington Post a publié neuf plans historiques du métro de Montréal, depuis les projets de 1944 et 1953 (que j'ai déjà republiés ici, mais sous une autre forme), le projet original des années 60, avec la ligne trois sous la montagne, et six projets officiellement par des instances officielles. Je me permet de les reprendre ici, puisqu'il de la propriété d'instances gouvernementales, qui nous appartiennent, non?

Vers le métro

Projet de la Compagnie des tramways (1944)





Projet de la Commission de transport de Montréal (1953)









Projet original de la Ville de Montréal (1961)









Après l'inauguration du métro

Projet du Bureau de transport métropolitain (1970)









Le Bureau du transport métropolitain voit soudain plus grand!

Projet du BTM (1974)
Dans le projet suivant, on remarque l'intégration du chemin de fer pour desservir l'Est de l'ile, un peu comme en... 1961!

Projet du Ministère du transport (1983)

Réponse de la CUM au MTQ!
Projet de la CUM (1986)

On ajoute les stations lavalloises!

Projet de la CUM (1991)


Et la ligne rose!

Tout récemment, une Valérie Plante, candidate à la chefferie de Projet Montréal, propose une ligne diagonale, dite la ligne rose — en fait une vraie ligne nord-sud! En plus des prolongations plus habituelles des lignes verte, bleue et orange.









mercredi 16 novembre 2016

Jardins zoulogiques

Avez-vous remarqué combien l'anglais pénètre tous les secteurs de notre vie culturelle — au sens large? Je ne parle pas seulement des mots ou des phrases anglaises* qui émaillent la plupart de nos conversations, ni des glissements de sens ou de structure. Je veux parler aujourd'hui d'une chose encore plus fondamentale, l'orthographe. Oui, celle qui nous avons apprise en première année du primaire.

Selon vous, avez quel mot le mot zoo rime-t-il? Avec chou ou avec chaud?
(Roulement de tambour)
Avec chaud, bien entendu. Même si toutes les pubs parlent toujours des zous de Granby ou de Saint-Félicien, et que l'on fait rimer Amazoo avec joue...

Ça me tape sur les nerfs!

D'autant plus que ce n'est pas le seul mot. Qui ne connait pas société de téléphonie cellulaire Koodo (ce mot me fait toujours penser, moi, aux dragons de Komodo...) ou même le site de production télé noovo.ca? Encore et toujours, on prononce le digramme oo comme ou.

Je me demande sérieusement quand on va parler de jardin zoulogique et de zoulogues. Après tout, on dit bien de plus en plus sculpture, à la suite de cheptel (dont le P était muet autrefois).

* Réhabilitons l'accord de proximité!

L'image est celle d'une carte postale reprenant une publicité du Zoo de Granby. 



samedi 12 novembre 2016

Faut-il revenir à la Charte de la langue française originelle?

Parmi les nationalistes québécois la Charte de la langue française (improprement appelée loi 101, d'après le numéro du projet de loi; en fait, on devrait parler de la loi C-11) est regardée avec un respect quasi religieux, et les changements qu'on a dû lui apporter suite aux différents jugements de la Cour suprême du Canada sont vus comme des amputations douloureuses qui, à elles seules, justifieraient l'indépendance du Québec. Ça a été la position, par exemple, de Martine Ouellet lors de la récente campagne à la chefferie du Parti Québécois. La Charte originelle était certainement une loi fort bien pensée, mais je ne crois pas qu'elle mérite une telle adoration; elle avait aussi ses failles.

L'Esprit de la loi

Je crois que, dans l'esprit de Camille Laurin, la cause était entendue: si on donne à tous les Québécois le droit de travailler en français, si on oblige les immigrants à envoyer leurs enfants à l'école française, la société québécoise se francisera d'elle-même. Les immigrants francisés parleront français entre eux et à leurs enfants, ils travailleront en français, et la minorité anglaise deviendra de plus en plus petite.

Ce n'est pas ça qui s'est passé, et ce n'est pas entièrement la faute de la Cour suprême. Messieurs Laurin et Lévesque n'étaient pas devins. Par exemple, vu la lourdeur typiquement gouvernementale encadrant la francisation des entreprises, seules les entreprises comptant plus de 50 employés ont été soumises à la loi. Or, bien des immigrants travaillent dans des petites boîtes, où l'anglais (souvent en plus d'une autre langue) règne toujours en maître. Raté. De plus, seules les communications écrites sont visées. Raté. La loi permet d'exiger la connaissance de l'anglais à l'embauche, condition qui est souvent, selon moi, tout à fait superflue. Conséquence: il est impossible de réussir sans connaître l'anglais. Raté. Les entreprises ont souvent besoin de plusieurs années pour monter un comité de francisation et obtenir leur certificat. Conséquence: les entreprises qui ne sont ici que quelques années, pour un chantier, par exemple, n'auront jamais le temps de se franciser. Raté.

Dans le milieu scolaire, je me rends très bien compte, à Côte-des-Neiges où je vis, que même des jeunes scolarisés en français préféreront bien souvent parler l'anglais entre eux. De plus, l'importance mise depuis quelques décennies sur l'apprentissage de l'anglais par les francophones, comme si leur vie en dépendait, fait en sorte que même des francophones préféreront parler anglais, ou pratiquer le code-switching.

Finalement, la question de l'affichage commercial devient bien secondaire, quand on y pense. Et il est loin d'être certain qu'un Québec souverain pourrait interdire l'affichage commercial en anglais, n'en déplaise à Mme Ouellet. En effet, le Pacte international relatifs aux droits civils et politiques stipule, à son article 27, ce qui suit:

Dans les États où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d'avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d'employer leur propre langue. 

Il faudrait au moins le permettre aux entreprises non incorporées.

Idées de propositions

Comment pourrait-on améliorer la loi C-11? Les avenues sont multiples, mais le premier pas serait sans contredit... de l'appliquer. Le fait de permettre aux entreprises de communiquer avec le gouvernement en anglais ou celui d'attribuer aux Néo-Québécois un code linguistique définissant à jamais la langue dans laquelle le gouvernement va communiquer avec eux sont tout à fait en contravention avec la loi.

Ensuite, on pourrait boucher des trous évidents. Par exemple, la loi énonce comme droit fondamental ce qui suit: «Les consommateurs de biens ou de services ont le droit d’être informés et servis en français.» Or, aucun article de la loi ne concrétise ce droit, tout fondamental qu'il soit; il est donc impossible à l'Office de poursuivre en cour une entreprise qui ne saurait pas servir ces clients en français. La loi parle d'affichage public, mais oublie les camions de livraison des entreprises — sans oublier l'affichage quotidien, souvent fait à la main dans les petits commerces.. On devrait aussi encadrer les situations dans lesquelles un employeur peut exiger la connaissance de l'anglais, et  exclure explicitement de ces raisons le contact avec les clients.

Si on voulait aller plus loin, on pourrait tout d'abord exiger, par exemple, que les menus des restaurants ne soient disponibles qu'en français, ou, dans le cas des restos ethniques, en bilingue français-ethnique. Plus question de se ridiculiser avec un Pastagate, où les menus anglais que l'on avait présentés aux plaignants ont évidemment été rangés lors de la visite des inspecteurs de l'OQLF. Après tout, qui fait de la vitesse quand un char de police est visible à des centaines de mètres à cause de ses gyrophares?

Encore plus loin? On pourrait interdire aux commerces de servir leur clientèle en anglais, sauf cas très circonscrits. Après tout, c'est cette éternelle possibilité de vivre en anglais qui empêche la francisation des immigrants, voire celle de nos anglos nés ici même. On pourrait même règlementer l'ambiance sonore des entreprises et des commerces: combien d'employés et de clients sont soumis en permanence à de la radio en anglais?

Le cas des cégeps

On pourrait même aller plus loin et carrément mettre fin au secteur anglophone pour le niveau collégial. Tous les étudiants voulant entreprendre des études supérieures devraient être francophones, et les commissions scolaires anglaises devraient réellement réussir à intégrer leurs élèves à la majorité québécoise. Et, pour éviter les raccourcis par l'Ontario, on devrait aussi obliger les étudiants des universités québécoises n'ayant pas de diplôme collégial québécois à réussir un examen de français avant d'être admis.

En fait, on pourrait prendre cette mesure dès maintenant, et réserver l'entrée dans les universités anglaises du Québec aux étudiants qui savent le français. Soit un DEC d'un cégep québécois (ou un bac d'un lycée francophone, en France ou ailleurs), soit un examen. Ça mettrait fin à cette réanglicisation croissante du centre-ville de Montréal.

D'autres idées?




La photo est publiée sous licence CC BY-SA 3.0 et est l'œuvre de Riba.

samedi 17 septembre 2016

Le Québec indépendant, république ou royaume?

On prend souvent pour acquis que le Québec indépendant serait une république. Moi-même, j'aime beaucoup mieux l'idée de la république, qui consiste à donner la souveraineté à la Nation.

Mais, dans les faits, ce qu'on veut vraiment, c'est une démocratie. La souveraineté de la Nation, ce n'est qu'un principe, et bon nombre de républiques sont en fait des dictatures dont le président, bien qu'agissant au nom de la nation, ne pense qu'à lui-même et à sa gang. Comme je le dis bien souvent, je préférerais de loin être sujet du roi de Suède qu'être citoyen de la République haïtienne... Pas vous?

Dans les faits, établir une république québécoise amènerait son lot de problèmes, dont certains qu'un royaume du Québec n'aurait pas à affronter. Premièrement, tous ces immigrants qui prêtent serment à Sa Majesté Élisabeth II, ses héritiers et successeurs, pourraient devenir citoyens du Québec sans se sentir parjures, ce qui est très important pour bon nombre d'entre eux. Les anglophones du Québec seraient aussi symboliquement rassurés de rester sous la protection de la reine (ou du roi qui pourrait bien lui succéder très bientôt). Finalement, bien des Premières Nations considèrent que les traités qu'ils ont signés l'ont été, presque de manière personnelle, avec la reine ou le roi du Royaume-Uni, puis du Canada; ce serait un blocage de moins à faire sauter.

La démocratie, quant à elle, ne ressort pas du fait de vivre en république ou en royaume, mais bien de la conscience politique des habitants du pays et du détail des mécanismes électoraux. Nombre de pays européens sont des royaumes et ne s'en portent pas plus mal, bien au contraire, souvent.

En fait, le seul argument que l'on pourrait opposer au fait de devenir un royaume supplémentaire pour la reine ou le roi du Royaume-Uni est d'ordre symbolique: c'est au nom de ce royaume que nous avons été conquis, c'est au nom de ce royaume que les Patriotes ont été pendus, c'est au nom de ce monarque que le Canada nous traite en minorité depuis bientôt 150 ans et qu'on veut nous assimiler depuis 250 ans. Mais, dans les faits et au XXIe siècle, notre sujétion envers la reine ne va guère plus loin que de voir son visage sur nos billets de banque, nos pièces de monnaie et nos timbres-poste, et de la recevoir tous les cinq ou dix ans. D'un autre côté, garder ce lien rassurerait bien des gens qui, autrement, nous seraient farouchement opposés. N'est-ce pas une concession à considérer?

Et rien n'empêche de devenir une république dans les décennies à venir.


Le drapeau est le Blue Ensign qui était le drapeau officiel du Québec avant le fleurdelysé, bien qu'il n'ait à peu près jamais été utilisé. L'image fait partie du domaine publique en vertu de la licence CC0 1.0. Cependant, je ne l'ai mis là que pour illustrer mon article, sans vouloir dire du tout que 
 ce devrait être le drapeau du Québec, actuellement ou dans l'avenir.

vendredi 2 septembre 2016

Suite aux réflexions à M. Bock-Côté

Dans mon billet d'avant-hier, j'ai oublié deux choses — ce sont des billets de blogue, après tout, pas des livres rédigés, relus et édités.

9. La constitution de l'Union européenne
M. Bock-Côté affirme que la constitution de l'Union européenne est la première à ne faire aucune mention du peuple qu'elle gouverne et de son histoire, qu'elle est la première à avoir pour ambition d'être universelle. C'est faux.

Si l'on excepte les multiples constitutions de la France révolutionnaire, que leurs auteurs voulaient tellement universelles qu'ils ont tenté de conquérir l'Europe entière pour l'y imposer, j'aimerais bien qu'on me dise où la constitution des États-Unis s'inscrit dans un projet national particulier. On n'y parle que de droits donnés par le Créateur à tous les hommes, de liberté et des moyens de garantir cette liberté. À part la section sur l'institution particulière qu'était l'esclavage, répandu uniquement dans certains des États fondateurs, donc source d'un déséquilibre politique, rien de tout cela n'est vraiment américain. D'ailleurs, ce projet a inspiré nombre d'autres constitutions un peu partout au monde.

10. Les racines chrétiennes de l'Europe
Comme bien des penseurs de droite, M. Bock-Côté s'insurge contre le fait qu'on ait volontairement décidé de passer sous silence, dans la constitution européenne, son origine chrétienne. Je me demande bien pourquoi. Loin de moi l'idée d'affirmer que la civilisation européenne n'a pas de racines chrétiennes, mais cette question est une question d'historiens, de philosophes et de sociologues, pas de politiciens et de juristes. Une maxime juridique affirme que le législateur — et à plus forte raison le constituant — ne parle pas pour ne rien dire. Dans cette optique, poser les racines chrétienne de l'Europe revient à dire que le christianisme doit continuer à éclairer le projet européen, la législation européenne, la vie européenne. Certains pourraient même en arriver à conclure que les interprètes officiels du christianisme, soit les diverses Églises, catholique, orthodoxe et protestantes, devraient par conséquent jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration des politiques européennes et que la Bible devrait inspirer les législateurs de manière prépondérante. Après près de deux siècles à lutter pour séparer l'Église de l'État, ce serait un sérieux recul, non?

mercredi 31 août 2016

Réflexions en guise de réponses à M. Bock-Côté

Ces dernières semaines, durant mes vacances, j'ai pris le temps de lire le dernier opus de M. Mathieu Bock-Côté, dont la une apparait à gauche. Je voudrais répondre à son auteur, et j'ai décidé d'utiliser ce blogue pour ce faire. Évidemment, je ne pourrai pas citer deux ou trois auteurs pour chacun de mes paragraphes...

1. Multiculturalisme
Je trouve que M. Bock-Côté étend le sens du mot multiculturalisme bien au-delà de ce que l'on entend habituellement au Québec ou au Canada. Il ne s'agit pas simplement d'une politique d'immigration, mais bien d'une nouvelle conception anationaliste de la vie en société. Or, je crois que bien peu de ceux qui ont été à la source de l'idée canadienne du multiculturalisme serait d'accord avec les dérives actuelles.

Ceci, au Canada anglais, les immigrants deviennent tous anglophones assez rapidement, non?

2. Multiculturalisme bis
Il serait intéressant de fouiller l'origine de la politique canadienne (et britannique) de multiculturalisme? Provient-elle des ententes que le colonisateur britannique a dû consentir avec les tribus locales? Ententes qu'il a fallu reconduire quand les coloniaux sont devenus des immigrants? De remords face à la façon dont on a traité les Premières Nations, ici? De relativisme anthropologique mal digéré?

Ce sera peut-être pour un autre livre, Mathieu?

3. Sources
Bizarrement, à lire le livre, on croirait que seuls des Français et quelques anglophones ont écrit de manière pertinente sur le sujet, bien qu'il s'agît d'une mode qui attaquerait l'ensemble de l'Occident...

4. Le fardeau de l'homme blanc
Doit-on absolument cesser de critiquer son histoire pour être nationaliste? En lisant M. Bock-Côté, on serait tenté de le croire. Bien sûr que l'Occident a mené une politique expansionniste violente. Bien sûr que nombre de minorités y ont été opprimées, sans oublier les femmes et les travailleurs (ce qui fait de ces minorités une large majorité). Mais bien sûr aussi que tous les peuples ont d'immenses squelettes dans leurs placards. Au lieu de pleurnicher dans leur coin, les historiens ne devraient-ils pas mettre de fait en avant et l'étudier davantage? Cela dit, l'étude historique ne doit pas servir d'acte de contrition non plus, je suis d'accord.

5. Le progrès de l'égalité
Je me souviens avoir lu une version toute autre des raisons qui ont mené aux révoltes étudiantes des années 60. Depuis des décennies, nos sociétés mettaient de l'avant des concepts comme la démocratie ou l'égalité. Or, les jeunes ont alors remarqué qu'elles étaient plutôt inégalitaires et oligarchiques. D'où le clash.
Par ailleurs, les exigences d'égalité de la part des femmes, des minorités visibles, des homosexuels ou des transsexuels n'a pas vraiment à voir, selon moi, avec la politique diversitaire que pourfend notre historien, mais bien avec le progrès séculaire de l'égalité et du droit de vivre comme on l'entend, mais en société. Après tout, les femmes ou les gays ne revendiquent pas, pour la plupart, le droit de vivre à part, selon des codes culturels tout à fait différents, mais le droit de vivre comme les autres, d'avoir les mêmes droits que les autres, ceux des hommes, ceux des hétéros, ceux des Blancs, tout simplement.

6. Quelles cultures?
Bizarrement, quand on affirme que les immigrants devraient avoir le droit de vivre selon leur culture d'origine, on définit toujours ces cultures comme des cultures nationales: on parle de la culture syrienne, algérienne, chinoise, italienne, grecque... On définit encore et toujours la culture comme celle d'un pays. Et qui nierait qu'il y a aussi une culture française, anglaise, allemande, et tutti quanti? Cela ne met-il pas à mal cette analyse anationaliste de la culture?

En fait, le principal obstacle à l'intégration des immigrants, ce ne sont pas les cultures, qui finissent bien un jour par se diluer, mais les barrières plus hautes que sont la religion et la couleur de la peau. Veux, veux pas, un Noir sera encore longtemps vu de prime abord comme un étranger, dans nos contrées, même s'il sacre sans accent. Et tout historien devrait se rappeler que les principales revendications des Canadiens-Français ont longtemps été religieuses, de l'abolition du Serment du Test au contrôle des commissions scolaires. Encore aujourd'hui, pour des personnes religieuses, la religion fait partie de l'identité avant même la langue ou la culture d'origine, et on ne se marie pas hors de sa religion. D'où les barrières.

Là, la solution ne viendra pas d'un conservatisme qui ne peut qu'accroitre ces barrières, mais bien plutôt de la croissance de l'athéisme ou de l'indifférence religieuse. Quand il ne restera du Ramadan que le festin du dernier soir, comme pour le Carême et Pâques, il n'y aura plus d'obstacles religieux.

7. Le cas du Québec
Il y a quelque chose qui me chicote dans l'analyse de Bock-Côté. Ce dernier avance que les nations devraient davantage chercher à assimiler les immigrants à leur culture nationale. Mais n'est-ce pas ce que le Canada a toujours cherché à faire et ce à quoi les Québécois ont toujours tenté de s'opposer avec plus ou moins de succès? Après tout, qui dit culture nationale dit pays. L'immigrant qui s'installe à Munich devrait-il, pour satisfaire M. Bock-Côté, assimiler la culture allemande ou la culture bavaroise? Celui qui va à Cardiff devra-t-il apprendre, en plus de l'anglais, le gallois?

D'ailleurs, jusqu'à un certain point, on pourrait affirmer que la tolérance que montre le Canada envers le fait français, au Québec et dans le Rest of Canada, tient, en premier lieu, à cette politique diversitaire à laquelle s'oppose notre auteur. Le Canada devrait-il chercher davantage à nous assimiler, dans son processus de nation building?

8. Conservatisme
J'aurais aimé que M. Bock-Côté donne davantage d'exemples de ce qu'il préconise comme idées conservatrices à remettre de l'avant. Au détour d'une phrase, il parle de la famille, sans plus. Mais de quelle famille parle-t-il? Je ne peux pas croire qu'on voudrait, au Québec, remettre en vigueur la famille traditionnelle, celle où le divorce et la contraception était interdits, où les femmes n'avaient aucune existence légale et devaient remettre leur salaire à leur mari, quand ce dernier leur permettait de travailler, et où l'on avait six, dix ou seize enfants! Ou bien s'agit-il d'une famille fantasmée, simplement sans les difficultés actuelles de la vie des couples et des familles, mais sans les contraintes bien plus lourdes dont on a si longtemps cherché, justement, à s'affranchir?

En guise de conclusion

Je ne m'oppose pas en bloc au discours de M. Bock-Côté, au contraire. Comme lui, je trouve qu'on devrait davantage enseigner l'histoire et la culture nationales, et que l'on devrait davantage chercher à intégrer les immigrants à notre collectivité. On peut le faire. La différence entre eux et nous n'est pas essentialiste. Mais il faut avant tout que les choses soient claires, que les immigrants sachent qu'ils viennent au Québec, que c'est le français qu'ils devront utiliser en société et qu'ils vivront avec nous, pas simplement à nos côtés. Et il faudra mieux outiller les écoles.


Surprise! Il y a une suite!

vendredi 12 août 2016

À gauche toutes?

Cela fait environ deux siècles que la plupart des pays occidentaux ont édicté l'obligation de conduire à droite des routes. Or, je remarque, sur les trottoirs souvent encombrés de mon quartier, qu'au moins la moitié des piétons ont tendance à tenir leur gauche. L'être humain aurait-il une tendance innée à marcher à gauche? Quelqu'un sait-il quelque chose à ce sujet?

samedi 6 août 2016

D'autres drapeaux pour la Terre

Ai trouvé ce blogue (en anglais).














Voir aussi cette entrée.

Note, septembre 2022. Ce blogue est disparu. Il n'en reste que quelques traces dans les archives de la Toile...

vendredi 8 juillet 2016

La fin du déneigement?

Déneigement à Montréal dans les années 70





Il y a quelques mois, je suis tombé sur un nouvelle intéressante (ici et ici): des chercheurs du Nebraska ont mis au point un béton chauffant, permettant de faire fondre la neige et la glace. Le tout sans tuyaux ou fils, puisque c'est la masse du béton lui-même qui conduit l'électricité.

Pour le moment, ce béton coute encore un peu plus cher que du béton normal, mais ce cout baisse continuellement.

Au Québec, il semble qu'on n'ait pas amélioré la construction des routes depuis des décennies. Nos routes s'effritent bien vite, se remplissent de nids-de-poule, s'effondrent autour des bouches d'égout, prennent la forme de vague là où des autobus ou des camions passent ou s'arrêtent. De plus, le déneigement coute cher, il endommage les routes et le mobilier urbain, et de toute manière, prend plusieurs jours à se compléter, intervalle pendant lequel les voitures et les piétons sont pris dans la neige et la glace.

De plus, on dit que les incessants cycles de gel-dégel seraient la cause première des nids-de-poule.

Alors qu'attend-on pour au moins essayer ce béton nouveau genre? Imaginez-vous ce que serait Montréal si la neige fondait dès qu'elle tombe sur le béton des rues et des trottoirs? Plus de bancs de neige, plus de pelletage, plus de verglas, plus de jambes ou de hanches brisées. On pourrait utiliser les vélos ou les scooters à l'année longue. Et celles et ceux qui portent la jupe ou la robe auraient moins froid.

Certes, il serait impossible de transformer du jour au lendemain toutes les rues de Montréal — cela prendrait même plusieurs décennies — et il y a un cout, mais je me demande si le jeu n'en vaudrait pas la chandelle, même financièrement. Tout d'abord, le béton est plus durable que l'asphalte. Ensuite, on mettrait fin aux couts du salage et du sablage des rues et trottoirs, aux couts directs du déneigement et aux retards dus à la neige et au déneigement. Le mobilier urbain, les arbres et les clôtures privées souffriraient moins. On peut même imaginer que, sans les machines de déneigement, les villes émettraient moins de gaz à effet de serre.

Changer la forme des rues

Un autre changement qui me ferait plaisir, ce serait de changer la forme des rues — mais c'est sans doute impossible partout où c'est déjà construit. Depuis les anciennes routes romaines, les rues et chemins sont convexes. C'était sans doute une innovation importante il y a 2000 ans, et cela a encore sa place à la campagne, là où les routes sont bordées de fossés. Mais, en ville, tout ce que ça fait, c'est créer des flaques d'eau le long de trottoirs, éclabousser les piétons et amener aussi toutes les feuilles mortes et détritus le long de ces mêmes trottoirs, là où les vélos sont tenus de passer. Pourquoi ne pas faire plutôt des rues concaves et mettre les bouches d'égout au milieu des rues? Il me semble que ça serait logique, non?

Évidemment, à la campagne, il ne serait pas question de chauffer les routes ou d'accumuler l'eau en plein milieu. Il faudrait même étendre l'idée des écoroutes, routes non salées. Il suffit alors de ralentir et d'avoir des meilleurs pneus. Est-ce trop demander?



L'image est tirée des Archives de la Ville de Montréal et est reproduite sous la licence CC BY-SA-NC 2.0.

samedi 2 juillet 2016

Quelques rappels historiques sur le 1er juillet

Premier drapeau canadien après la Confédération.
Je me permets de reprendre ici un billet de blogue de Jean-François Lisée sur le 1er juillet 1867 et l'élection provinciale qui a suivi.

mercredi 29 juin 2016

D'autres propositions de drapeaux du Québec

En naviguant sur le web, j'ai trouvé sur Reddit deux propositions récentes de drapeaux. J'espère ne fâcher personne en les reproduisant ici. Dites-moi ce que vous en pensez.


La version avec seulement trois bandes



La version avec la fleur de lys en plus.


Les trois bandes reprennent l'esprit révolutionnaire français et le drapeau de la Russie, autre pays boréal.
Le vert reprend le vert du drapeau des Patriotes et symbolise une société écologique, le vert de notre zone agricole et celui de la forêt boréale.
Le bleu reprend le bleu du drapeau actuel, symbolise l'héritage français et le Saint-Laurent, au centre de notre pays.
Le blanc symbolise l'ouverture à l'autre, la paix, notre héritage français, la nordicité et... la neige, bien entendu.
La fleur de lys, eh bien, c'est tant notre héritage français (le drapeau royal français portait des fleurs de lys dorées) qu'un rappel du drapeau actuel. Ses trois branches rappellent la classe ouvrière, la dimension spirituelle et ceux qui se sont battus pour le pays.
Ces drapeaux ont la proportion 1,5 du drapeau actuel du Québec, mais je le verrais bien un peu plus long. Pourquoi pas φ, le nombre d'or, soit environ 1,618?

À première vue, un autre tricolore qui fait très ordinaire, mais avec les explications, ça semble bien se défendre, non?

Maintenant, avec un peu de vent...




Références: explication, discussion.

L'effet dans le vent a été ajouté grâce au logiciel MakeSweet.

dimanche 26 juin 2016

L'avenir du métro

Le web regorge de gens qui imaginent comment pourrait être l'avenir. Ce travail d'imagination s'applique aussi au métro de Montréal.

Mais, d'abord, j'aimerais reprendre cette image du site (qui ne semble plus entretenu) de Marc Dufour, qui montre comme la Commission de Transport de Montréal voyait l'avenir (en fait, 1982) un an après l'inauguration du métro. Cette carte est la forme colorée d'un plan noir et blanc de l'époque.



Comme cette image est peu lisible, même à l'agrandissement maximal permis par Blogger, voici un lien vers une version PDF. C'est la première fois que je fais cela; j'espère que ça marchera

Neuf lignes, plus de 100 stations et un cauchemar pour les daltoniens! Bien entendu, ce programme d'expansion n'est plus concevable, les lignes verte et orange/dorée ayant connu des rallongements différents de ceux envisagés à l'époque.

Place maintenant aux œuvres de pure imagination. La première est un réseau, somme toute, possible. On remarquera l'aspect politically correct de remplacer le nom de la station Lionel-Groulx.

Le principal problème serait que la ligne bleue continuerait de se décharger presque uniquement dans la ligne orange, déjà surchargée.

Les deux autres, du même auteur, sont autrement plus flyées. On aurait alors un réseau s'étendant à toute la grande région montréalaise, avec ou sans réseau de surface (ce dernier étant représenté par du pointillé). À vous de rêver.

Il s'agit d'une vision pour 2050...




Ces trois cartes sont publiées sous la licence CC BY-NC-SA 3.0. La première  
est l'œuvre de Chris Gutzman, et les deux autres, de Thomas Jonkajtys. Sources: 1, 2 et 3.

Le Brexit, une bonne ou une mauvaise chose?

Tout le monde en conviendra: l'évènement politique de la semaine, c'est le vote de ce jeudi au Royaume-Uni, dont les habitants ont décidé à une courte majorité (courte, mais plus grande que celle du référendum québécois de 1995) de quitter l'Union Européenne. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle?

En tant que souverainiste, ne devrais-je pas suivre l'exemple de Jean-Martin Aussant ou des candidats à la chefferie du Parti Québécois et féliciter le peuple britannique d'avoir décidé de reprendre sa souveraineté? Ne devrais-je pas plutôt me désoler de la campagne démagogique, mensongère et xénophobe qu'ont menée les tenants du Brexit? (Ceci dit, les tenants du Bremain sont sans aucun doute péché tout autant que leurs opposants.) Sans doute un peu des deux. Mais pourquoi diable ne puis-je jamais avoir une opinion claire et simple, comme tout le monde?

Première des choses: le Royaume-Uni avait-il réellement perdu sa souveraineté? Bien entendu, il avait décidé de confier à une instance supernationale la gestion d'une grande partie de ses échanges commerciaux, et certains aspects de sa politique extérieure. Mais elle avait conservé sa monnaie, son paradis fiscal (c'est quoi, la City, selon vous?) et même la gestion de ses frontières. Non, les migrants ne pouvaient pas entrer librement au Royaume-Uni; ceux qui désirent vivre le rêve de l'Eldorado anglophone et pluvieux s'entassent jusqu'à ce jour dans un camp, à Calais, un camp presque digne des camps de réfugiés d'Afrique.

Bien entendu, l'UE est bureaucratique et tatillonne, édictant des règlements sur presque tous les sujets. Mais c'est le lot d'une entente commerciale entre 27 pays développés: si la France veut que seul son vin puisse s'appeler champagne, elle doit accepter les règles des Italiens pour définir les nouilles. Et, si des gauchistes de toute l'Europe en ont contre le parti pris de l'Union pour l'entreprise privée et la privatisation, ce n'est certainement pas le cas des conservateurs britanniques qui ont fait campagne pour le Leave.

Que reste-t-il, alors? Les paiements à l'UE? Une bonne part de cet argent revient directement au Royaume-Uni, principalement dans ses zones économiquement sinistrées depuis l'ère Thatcher, et le reste serait assez comparable à ce qu'il en couterait aux entreprises britanniques pour écouler leurs produits en Europe, comme disent les Anglais. Par ailleurs, le Royaume-Uni étant passablement riche, n'est-il pas normal qu'il aide les pays de l'Est du l'Europe à devenir des marchés intéressants?

Finalement, ce qui reste, c'est surtout la nostalgie d'une époque révolue, plus simple, sans beaucoup d'étrangers, l'époque de l'Empire, quoi. Un peu le fonds de commerce du Front national, par exemple. Le plus amusant, tant dans le cas de la France que dans celui du Royaume-Uni, c'est que les immigrants proviennent presque tous cet empire dont on a la nostalgie...

Et le Québec?

J'ose croire que les raisons à la base de la souveraineté du Québec sont différentes de celles qui animaient les tenants du Brexit. Les Québécois veulent interagir avec le monde sans devoir passer par Ottawa (alors que le Royaume-Uni a toujours son siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU), ils veulent défendre leur langue (qui peut croire que l'anglais est vraiment en danger en Angleterre? D'ailleurs, l'usage généralisé de sa langue dans le monde rapporte chaque année des milliards au Royaume-Uni), ils veulent protéger leur environnement. Certes, ils veulent reprendre le contrôle de leur économie, mais le sentiment dominant n'est-il pas que, depuis près de 150 ans, Ottawa avantage toujours l'Ontario?

C'est pourquoi je suis toujours abasourdi d'entendre chez les souverainistes québécois des diatribes contre les immigrants, contre les musulmans, contre tout le monde. Sans doute n'avons-nous pas besoin de l'immigration1. Sans doute finançons-nous fiscalement le reste du Canada à hauteur de plusieurs milliards de dollars par année, net2. Mais peut-on exister dans le monde sans avoir à haïr l'étranger?


1. Le Remède imaginaire, de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois
2. Un gouvernement de trop, de Stéphane Gobeil.

L'image est publiée sous licence CC0.

lundi 23 mai 2016

Fête nationale des patriotes ou Fête de la Reine?


Un peu partout, aujourd'hui, des affichettes annoncent qu'un commerce ou qu'un bureau est fermé. Le plus souvent en français et en anglais (qui sont les deux langues officielles du gouvernement canadien, et rien de plus, rappelons-le-nous). Bizarrement, on lira la plus souvent, en français, Fête nationale des Patriotes et, en anglais, Victoria Day. Mais est-ce bien vrai?

Au Canada, les jours fériés sont fixés par les provinces. Or, quand le Québec a décidé de rebaptiser la Fête de la Reine en Fête nationale des Patriotes, il l'a fait dans les deux langues. En anglais, aujourd'hui, c'est simplement le National Patriots' Day.


* Pour un drapeau inspiré du mouvement patriote, je préfère le tricolore étoilé. Sans le vieux patriote à la pipe. Quant au simple tricolore, c'est hélas déjà le drapeau d'un État allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

dimanche 1 mai 2016

Les affres du stationnement à Côte-des-Neiges

Lettre envoyée hier au maire de mon arrondissement, à l'hebdo local, Actualités Côte-des-Neiges, ainsi qu'à deux conseillers municipaux de mon arrondissement, le mien et celle du district voisin, qui, elle, me répond (elle est de Projet Montréal, et non du parti de Denis Coderre).

Devrai-je m'acheter une voiture?



À monsieur Russell Copeman,
maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges — Notre-Dame-de-Grâce

Monsieur le maire,

Il y a quelques mois, je vous avais écrit concernant la nouvelle zone de Stationnement sur rue réservé aux résidants 101, sur l'avenue Linton. Environ la moitié de ma rue avait été intégrée dans cette zone, et je vous avais soumis mon cas en vous demandant si je pouvais acquérir une vignette, ce que vous aviez refusé.

Depuis quelques semaines, c'est environ 90% de l'espace de stationnement qui est sous le régime SRRR. Alors, je me permets d'expliquer publiquement ma situation. Je n'ai pas de voiture (je suis client chez Communauto, au besoin). On pourrait alors penser que cette histoire de SRRR ne m'affecte pas. Mais j'ai une blonde, qui habite en banlieue et qui vient parfois passer la fin de semaine chez moi. En particulier en hiver, puisque nous partons (ou partions?) souvent de CdN pour aller jouer dans la neige dans les Laurentides.

Que se passera-t-il dorénavant? Il est devenu impossible pour elle de stationner à moins de deux ou trois rues, à moins d'attendre 23 h, alors qu'on dort, voyez-vous? Et marcher 200 m avec des bagages et des skis n'est pas si facile.

Ce que je voulais était pourtant simple. Je voulais une vignette. En la payant. Pour la mettre sur sa voiture. Une seule voiture. Une voiture qui ne viendrait sur la rue qu'une fin de semaine sur deux, environ. L'arrondissement aurait l'argent, et presque pas d'encombrement. Et de la place, depuis que presque toute la rue est un SRRR, il y en a en masse.

J'aimerais vous rappeler que cette visiteuse et moi allons souvent dans des restaurants ou les commerces des environs. On pourrait croire que l'arrondissement serait prêt à obtenir de l'argent pour une voiture qui ne sera presque jamais là et dont la présence amène de l'argent dans nos commerces, mais il semble que non.

Que voulez-vous, monsieur Copeman? Que j'aille passer tout mon temps libre ailleurs? Que je quitte l'arrondissement pour de bon? Que je m'achète une voiture, voiture qui encombrerait la rue de manière quasi permanente (et qui ne me laisserait plus d'argent pour les commerces autres que les stations-service)? Tout ce que je veux, moi, c'est payer une vignette...


Sylvain Auclair

dimanche 13 mars 2016

Rapports d'impôt: papier ou logiciel payant?

C'est la saison des sucres... et des déclarations de revenus, la corvée qui semble avoir remplacé le grand ménage du printemps d'antan.

Depuis plusieurs années, les gouvernements veulent épargner et rendre le traitement des déclarations plus facile en éliminant les rapports en papier. Le gouvernement fédéral est allé jusqu'à ne plus envoyer de trousse d'impôt par la poste, même à ceux qui, l'année précédente, avaient employé cette méthode dorénavant jugée archaïque.

Ce qui me hérisse, c'est que la seule autre possibilité semble être de recourir à un logiciel spécialisé, soit de manière individuelle soit via un professionnel de l'impôt. Un logiciel payant1. En d'autres termes, comme dans beaucoup d'autres sphères de l'activité gouvernementale, l'épargne faite par le gouvernement est tributaire d'une dépense de la part du citoyen contribuable.

Il y aurait pourtant une troisième possibilité. Il s'agirait de fournir aux déclarants disposant d'un ordinateur un fichier de format chiffrier — préférablement d'un format libre, comme le format .sdc de la suite gratuite Open Office — reproduisant la déclaration. Grâce au chiffrier, les calculs les plus simples — additions, multiplications, reports d'un résultat dans une autre case — seraient faits automatiquement,  mais pas les calculs plus compliqués, comme ceux d'optimisations fiscale ou de liaison entre plusieurs déclarations, qui seraient laissés aux logiciels payants. Grâce à un tel fichier, on gagnerait sur tous les fronts: la production des déclarations serait simplifiée, leur transmission et leur traitement, plus rapides. Les seuls perdant seraient les entreprises de logiciel ou d'experts fiscaux, mais je suis persuadé que même eux sauraient tirer leur épingle du jeu.


1 D'ailleurs, ces logiciels ne sont pas la panacée. Il y a quelques années, on  me racontait qu'un logiciel refusait d'accepter deux montants différents pour les frais de garde d'enfants, alors que Québec et Ottawa utilisent des méthodes distinctes pour évaluer cette somme depuis l'instauration des garderies à cinq, puis sept dollars.

dimanche 21 février 2016

Dormir deux heures par jour?

Alors que je cherchais des infos sur la journée de 28 heures, j'ai découvert que certaines personnes s'efforçaient d'intensifier leur vie en diminuant la durée de leur sommeil, parfois jusqu'à deux heures par jour (de 24 heures, s'entend). Très étonnant, ai-je pensé!

La plupart des êtres humains pratiquent soit le sommeil monophasique — soit une seule période de sommeil par jour, le plus souvent pendant la nuit — soit le sommeil biphasique — soit deux périodes de sommeil, soit les deux pendant la nuit, avec une période de veille d'une heure et demie ou de trois heures entre les deux*, soit une courte nuit et une sieste pendant le jour.


Bien que se réveiller en pleine nuit soit considéré de nos jours comme de l'insomnie, cette situation était fréquente avant l'invention de l'éclairage électrique, surtout au cours des longues nuits d'hiver. Il existait même des livres conseillant des activités pendant cette veille nocturne, des prières, par exemple.




Mais le sommeil polyphasique est quelque chose de pas mal plus flyé. Il s'agit de diviser son sommeil en plus petits morceaux, mais dont la durée totale est plus faible. L'idée derrière tout ça, c'est que seul le sommeil paradoxal est essentiel: si on ne rêve pas, on devient fou. Des siestes de 20 minutes sont alors suffisantes.

Il existe quatre grands modes de sommeil polyphasique. Le plus simple consiste à dormir six heures la nuit et à faire une sieste de 20 minutes durant le jour. Vingt minutes passées à rêver, si possible. 

Une autre variante s'appelle le sommeil Everyman — à la portée de tous, semble-t-il. Là, on a une nuit de sommeil de trois heures,  et deux ou trois siestes, pour un total d'une heure, plus ou moins également espacées pendant la période restante. Total: quatre heures.

Le summum est la méthode Überman, celle du surhomme: plus de nuit de sommeil, seulement des siestes. Six siestes de 20 minutes toutes les quatre heures, sans exception. Sautez-en une et vous verrez le monde chanceler. 

Il existe une variante de ce système, appelée Dymaxion, dans laquelle on dort trente minutes toutes les six heures. Un peu moins contraignant socialement.

Selon ce que j'ai pu lire, personne n'a pu tenir ce rythme plus de quelques mois — ce qui est déjà un exploit, on peut penser. Ce n'est pas qu'ils étaient fatigués, mais ils auraient surtout succombé aux pressions sociales. Dormir toutes les quatre heures n'est pas facile, et les activités disponibles la nuit sont plutôt limitées. Il faut de la volonté et de la détermination, et, si l'on exception les praticiens du tour du monde à la voile en solitaire, ce genre de détermination est assez rare. Et même ces derniers ne pratiquent ce mode de sommeil que quelques mois tout au plus.

Alors, voulez-vous augmenter votre période de veille de 40%? Vous avez les outils.


* Rappelons que notre sommeil est habituellement structuré en période de 90 minutes.

Journée internationale de la langue maternelle

C'est aujourd'hui, le 21 février.





Pour d'autres langues, voir ici.

dimanche 14 février 2016

Des semaines de dix jours? Des journées de 28 heures? Pourquoi pas?

Pourquoi les semaines ont-elles sept jours? Par tradition? Sûrement! Par tradition religieuse? Tout autant. On sait moins, cependant, que les Hébreux ont pris cette idée de la semaine des Chaldéens, lors de leurs contacts avec la Mésopotamie toute proche — c'est l'Irak d'aujourd'hui. Les Chaldéens considéraient que les multiples de sept étaient des nombres néfastes, et ne travaillaient donc pas les 7e, 14e, 21e et 28e jours du mois. Du mois lunaire, évidemment (qui dure environ 29 jours et demi, rappelons-le). D'où les semaines et le repos du sabbat, puis dominical.

Mais doit-on garder une tradition uniquement parce qu'elle est ancienne? Si c'était le cas, on aurait encore des esclaves, n'est-ce pas? Alors, pourquoi ne pas reconsidérer la semaine?

Il y a quelques années, j'avais pensé à une semaine* de dix jours. Sept jours de travail, trois jours de congé. Au lieu de travailler 71% des jours, on travaillerait 70% des jours. Le seul inconvénient: attendre la fin de semaine pendant sept longs jours. L'avantage? En plus des plus longues fins de semaine? On pourrait faire alterner trois groupes, de manière à ce que personne ne soit obligé de travailler alors que tout le monde fête ou se repose. Plus besoin de manquer le travail pour aller à l'hôpital ou chez le dentiste. Plus de pistes de ski pleines durant les deux seuls jours où l'on peut y aller. Un meilleur usage des routes, des équipements de transports, de loisir, de soins et ainsi de suite. Et avec trois groupes, on aurait deux semaines de sept jours et une de six jours, de manière à travailler vingt jours sur trente.

Bien entendu, cela aurait comme prix la perte d'un cycle social commun, mais un cycle qui est, ne nous le cachons pas, de moins en moins respecté. Parce que, si on aime bien avoir nos fins de semaine, on s'attend à ce que tout soit quand même ouvert quand on peut finalement en profiter.

Pourquoi dix jours, et non pas neuf ou douze? Je ne sais pas trop. Peut-être par nostalgie avec le calendrier républicain (qui, lui, retirait des jours de congés, avec seulement 35 ou 36 décadis par années, au lieu de 52 ou 53 dimanches). De toute manière, une semaine de douze jours serait bien trop longue; il faudrait au moins un jour de repos en plus d'une fin de semaine, et non pas huit jours de travail suivis de quatre jours de congé.

Et le jour, lui?

Si j'ai pensé à écrire cet article, c'est que je suis récemment tombé sur des sites web qui font la promotion de la journée de 28 heures. On aurait pu croire qu'au contraire de la semaine ou du mois actuel, des périodes de temps comme le jour ou l'année sont incontournables, que ce sont des données naturelles avec lesquelles on doit vivre, veux, veux pas. Eh bien non! Certains ont donc essayé de vivre selon un cycle non naturel de 28 heures, répartissant 40 heures de travail sur quatre jours suivis d'une fin de semaine de 56 heures, pour un total, bien entendu, de 168 heures, comme la semaine actuelle.

Le secret est de commencer sa dernière journée de travail après le coucher du soleil, de manière à sortir du travail avec le lever du soleil, et ensuite de profiter du soleil à plein durant ses deux jours de congé. Plus question de se lever à midi le samedi matin. Comment obtenir ce résultat? En se levant vers 8 h le lundi (que les défenseurs de la journée de 28 heures préfèrent appeler mardi — après tout, on a un jour à retirer et qui aime les lundis?), vers midi le mardi, vers 16 h le mercredi et vers 20 h le jeudi. Ce jour, on travaille, disons, de 21 h 30 à 7 h 30, journée de travail suivie d'une soirée censée se terminer vers 15 h; mais comme c'est la fin de semaine, on peut se coucher plus tard! Quoi qu'il en soit, si on continuait le cycle, on se lèverait le samedi vers minuit et le dimanche, vers 4 h.




Quels seraient les avantages? Moins de navettage maison-travail; moins de corvées quotidiennes; la fin de la monotonie des journées; une plus longue fin de semaine.

Évidemment, je peux aussi voir des inconvénients: on devra se déplacer et travailler en pleine nuit, ce qui n'est pas toujours pratique; et une partie importante de la fin de semaine se passera la nuit, mais dès le lever, et non pas après la journée, comme maintenant. Il y a aussi le fait que, même quand on force les êtres humains à vivre d'une telle manière, totalement déphasée, les différents cycles corporels continuent à suivre un rythme d'à peu près 24 h. Il est vrai que c'est légèrement plus que 24 h, mais ça ne dépasse pas 25 h, sans parler de 28 heures.

On pourrait même penser concilier les deux idées proposées dans ce billet! Pourquoi garder la semaine? Pourquoi ne pas avoir huit journées de 27 heures sur neuf jours? Ou neuf journée de 26 h 40 sur dix jours? Quelle serait la combinaison gagnante? Voulez-vous une société qui fonctionnerait sans pause?

* Point linguistique: il faudrait bien entendu cesser de parler de semaine, mot qui veut dire, étymologiquement, septième...

Cette fois-ci, j'ai volé les images. Voici mes sources: celle de la première; celle de la seconde.

Sauf ces images, ce billet est publié sous la licence CC BY-SA-NC 2.5

Une autre tentative de la journée de 28 heures.



lundi 1 février 2016

Une autre interdiction ridicule pour les piétons

Le coin de rues en question
Depuis plusieurs années, on retrouve un feu de circulation sympathique au coin du chemin de la Côte-des-Neiges et de l'avenue Swail. Un feu de circulation pro-piétons. En effet, on remarquera  à gauche que lorsque la circulation sur le chemin de la Côte-des-Neiges est bloquée par un feu rouge, aucune automobile ne peut entrer dans  l'avenue Swail ou en sortir; par conséquent, il n'est du tout nécessaire d'interdire aux piétons de traverser ladite avenue, et on avait un feu piéton blanc continu. Les piétons avaient toujours le droit de traverser.

Or, je viens tout juste de remarquer que, pour une raison inconnue, ce n'est plus le cas. On a installé, sans doute à grands frais, un feu piétons à décompte numérique qui interdit sans raison aux piétons de traverser quand toutes les automobiles sont immobilisées — remarquons que cette situation est moins dangereuse que lorsque le feu est vert et que des autos peuvent tourner à droite (et parfois illégalement à gauche) dans l'avenue Swail et ainsi couper les piétons qui traversent. 

Le seul cas où un piéton pourrait être en danger dans les feux sont rouges pour les automobiles sur le chemin de la Côte-des-Neiges est quand un des clients du supermarché Métro enfile illégalement l'avenue Swail en roulant quelques mètres à l'envers sur le chemin de la Côte-des-Neiges. Ça arrive tous les jours.

Je suis désolé — voire en colère — par ce manque de respect envers les piétons. Toutes les Chartes du piéton ou les promesses d'encourager le transport actif (bien que la saga du demi-trottoir de l'avenue de Brébeuf montre bien le peu de cas que M. Coderre fait de ces déclarations) ne font pas le poids envers des décisions ridicules qui nuisent aux piétons. De plus, toute interdiction non justifiée rend les autres interdictions moins crédibles.

Le coin de l'avenue Swail rejoint donc deux autres coins du rue des environs, soit les demi-croisement ddu chemin de la Côte-des-Neiges avec la rue de la Peltrie et l'avenue Carlton, un peu plus au nord (en fait, c'est un peu plus à l'ouest, mais, à Montréal, on appelle l'ouest le nord).

Pourquoi ce changement? À quand une réelle considération pour les piétons?

Comme tout le monde l'aura remarqué, l'image appartient à Google.