lundi 18 mai 2015

Les Patriotes et l'indépendance… du Canada?


C'est aujourd'hui, au Québec, le jour des Patriotes. La plupart des gens jouiront simplement d'une journée de congé, alors que quelques souverainistes rappelleront les batailles menées (et perdues) de 1837 et en 1838, ainsi que les exécutions de 1839. Cette absence des non-souverainistes (que j'aime bien qualifier de dépendantistes, vu que le respect du régime fédéral est souvent le cadet de leurs soucis) laisse entendre que les Patriotes voulaient l'indépendance du Québec... oups! du Bas-Canada. Même si Robert Nelson a vraiment déclaré l'indépendance de notre pays, le 22 février 1838, le principal grief des Patriotes était avant tout le manque de souveraineté du peuple (c'est-à-dire des hommes adultes, cela va sans dire). Mais il y avait aussi des Patriotes au Haut-Canada, qui voulaient eux aussi un gouvernement responsable.

Un grand nombre de Patriotes vouaient ce qu'on pourrait appeler un culte au régime républicain, avant tout celui des États-Unis — ce qui semble encore le cas aujourd'hui chez les souverainistes. Il y a donc fort à parier que, si le projet patriote avait réussi, le Québec serait aujourd'hui membre des États-Unis, soit suite à une adhésion volontaire ou bien suite à une conquête militaire inspirée par la Destinée manifeste. Parlerions-nous encore français dans ces circonstances?


Québec ou Canada?

Une chose est sure, cependant: le pays (ou l'État) que nous habitons ne s'appellerait pas Québec, mais plutôt Bas-Canada, Canada-Est ou peut-être même simplement Canada — comme le disait la mère de Maria Chapdelaine à celui qui racontait sa vie aux États-Unis: 

Samuel a pensé à aller dans l’Ouest, un temps, dit la mère Chapdelaine, mais je n’aurais jamais voulu. Au milieu de monde qui ne parle que l’anglais, j’aurais été malheureuse tout mon règne. Je lui ai toujours dit: « Samuel, c’est encore parmi les Canadiens que les Canadiens sont le mieux. »

Le nom Province of Quebec imposé par les conquérants en 1763 visait avant tout à briser notre identité ethnique en nommant la nouvelle colonie du nom de sa capitale. Je me demande parfois, mi à la blague mi-sérieux, ce que serait devenu le mouvement souverainiste du Québec si le pays qu'il avait mis de l'avant s'était appelé Canada — et qu'il avait laissé les autres provinces se débrouiller pour se trouver un nom à elles. Je me dis que bien des vieilles personnes ont longtemps eu une vision politique dans laquelle les Canadiens s'opposaient aux Anglais, et que revendiquer le nom qu'on nous avait volé aurait sans doute eu un effet enthousiasmant.

Et les Patriotes auraient approuvé d'outre-tombe.


* Pour un drapeau inspiré du mouvement patriote, je préfère le tricolore étoilé. Sans le vieux patriote à la pipe. Imaginerait-on un vrai drapeau national avec un tel personnage? Quant au simple tricolore, c'est hélas déjà le drapeau d'un État allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Lisez mon autre réflexion sur l'accession du Québec à la souveraineté.

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