dimanche 21 juillet 2019

Le revenu de base — une analyse plus complète

J'ai déjà discuté ici du revenu de base, ou revenu de citoyenneté, le distinguant clairement du revenu minimum garanti. Or, je viens de terminer la lecture du livre d'Ambre  Fournier intitulé Le Revenu de base en question. Dans son livre, Mme Fournier distingue clairement quatre idéaux-types parmi les nombreuses propositions (remontant jusqu'au XVIIIe siècle et à la proposition de Thomas Payne dans Agrarian Justice). Les deux premières propositions, l'impôt négatif et l''allocation universelle (AU), ont la caractéristique commune d'être insuffisants pour assurer une vie décente et amènent donc tout un chacun à se chercher un emploi ou un revenu sans même que l'on ait besoin de rendre obligatoire un parcours vers l'emploi. Les deux autres, le revenu minimum garanti (RMG) et le revenu de transition (ou salaire à vie, ou dotation inconditionnelle: les noms sont nombreux), au contraire, assurent un revenu décent sans avoir à travailler et libèrent donc de la nécessité de participer au salariat. Selon un autre axe, l'impôt négatif et le RMG sont réservés à ceux qui gagnent moins qu'un montant fixé par le gouvernement, alors que le revenu de transition et l'allocation universelle sont, au contraire, assurés à chaque citoyen ou à chaque ménage — là aussi, les modalités diffèrent.

Étant donné les différences fondamentales entre ces propositions, il est impossible de dire si l'on est pour ou contre le revenu universel ou revenu de base. Un libéral bon teint pourra bien défendre l'impôt négatif ou l'AU, puisqu'ils diminuent la paperasse et l'ingérence du gouvernement, ne restreignent pas la liberté de ceux qui le reçoivent tout en ne mettant aucunement en danger l'économie de marché. D'un autre côté, les socialistes préféreront le RMG ou le revenu de transition, qui ont pour visée l'affranchissement des travailleurs, mais dont les couts fiscaux sont importants. Le revenu de transition a même souvent le but avoué de mettre fin au capitalisme et les diverses propositions incluent aussi la fin de la propriété privée lucrative ou un revenu maximum... 

Même là, les détails importent. Le seuil à partir duquel on peut recevoir le RMG ou l'impôt négatif, et les modalités de diminution du RMG si on gagne de manière autonome un certain revenu, sont des caractéristiques importantes, qui doivent être fixées par le gouvernement et ajustées régulièrement. Rien ne garantit qu'un RMG ne deviendra pas, après un certain temps, aussi insuffisant et contraignant de les prestations de dernier recours, plus connues sous le nom de bien-être social. D'un autre côté, certains défenseurs de l'allocation universelle disent qu'on pourra en augmenter le montant  au fur et à mesure que la société s'enrichira, tout en soulignant que l'existence même de l'AU permettra un enrichissement plus rapide. D'autres propositions, au contraire, visent une décroissance économique plus compatible avec une soutenabilité environnementale.

Finalement, je reste tout aussi confus qu'avant.

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